Conflit israélo-palestinien : entre tragédie et espoir d’une paix équitable

Conflit israélo-palestinien : entre tragédie et espoir d’une paix équitable
الخميس 14 ديسمبر, 2023

Par Antoun Souhaid

 

Le conflit israélo-palestinien a pris récemment une tournure tragique, marquée par l’entrée du Hamas en Israël et la riposte israélienne. Des conséquences dévastatrices en découlent. Ce cycle d’atrocités semble interminable, malgré les appels à une trêve humanitaire.

Catastrophe humanitaire

Les massacres perpétrés par la brigade du Hamas en Israël ont causé la mort de 1 200 personnes, tandis que 138 otages sur 240 sont encore retenus à Gaza et leur sort demeuré inconnu.

Au moment où Israël espérait une réponse empreinte d’empathie et de solidarité, la réaction agressive de son armée a choqué. Du côté israélien, depuis le 7 octobre dernier, des dizaines de milliers de tonnes de bombes ont été larguées sur la bande de Gaza, dévastant des quartiers entiers et détruisant ou endommageant 100 000 bâtiments. Selon les chiffres du Hamas, 16 000 morts sont à déplorer, dont 70% sont des femmes et des enfants, signifiant qu’une femme et/ou un enfant a été tué toutes les sept minutes à Gaza au cours des deux derniers mois. Il est impossible de quantifier précisément le nombre de blessés, de personnes affamées et traumatisés. En d’autres termes, le Tsahal a tué en deux mois au moins vingt fois plus d’enfants que le Hamas n’en avait kidnappés ou tués le jour de l’attaque.

La situation humanitaire à Gaza atteint des proportions catastrophiques, avec des épidémies, des cas d’hépatite C, des maladies de la peau et des césariennes sans anesthésie. Les combats perdurent, et des centaines de milliers de Gazaouis luttent pour leur survie, démontrant une résilience exceptionnelle.

Ce conflit, caractérisé par sa longue durée et son intensité croissante, s’inscrit dans une série de crimes internationaux commis par les deux parties, auxquels s'ajoutent l’occupation illégale et l'annexion illégale des territoires palestiniens.

Un génocide gazaouie ou la mort lente des Palestiniens ?

Cette question est soulevée en référence à la Convention de 1948 sur le génocide.

Cette Convention exige que pour qu’il soit qualifié de génocide, le crime doit répondre à deux conditions : une action caractérisant le génocide et l’intention de détruire tout ou une partie d’un groupe en raison de son ethnie, sa race, sa religion ou sa nationalité.

Ce qui différencie le crime contre l’humanité du génocide est l’intention génocidaire, qui se manifeste à travers les actes et les discours. L’armée israélienne est accusée de délibérément cibler les civils, les journalistes, le personnel médical, les hôpitaux, ainsi que les infrastructures civiles et vitales telles que l’infrastructure d’eau, d’électricité, de télécommunications et d’énergie, rendant ainsi les conditions de vie inhumaines pour les Palestiniens.

Il est important de souligner que la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide insiste sur le terme de « prévention ». Israël aurait-il averti les Palestiniens de son attaque ? Même si nous supposons que la réponse est affirmative, le blocus de la bande de Gaza imposé par le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou, engendrant famine et déplacements répétitifs de masse forcés, semble étayer l’accusation d’intention génocidaire.

L’éradication du peuple juif ?

En dépit du non-respect des principes de précaution, de distinction envers les civils, et de proportionnalité dans la riposte d’Israël, cela ne saurait en aucun cas justifier les actions commises par le Hamas. Les deux parties violent la Convention de Genève et les principes du droit international en ciblant des civils, constituant ainsi des crimes de guerre.

Soixante-queize ans après l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU de la Convention sur le génocide, le premier traité des droits de l’Homme de l’ONU, les Juifs ont été pris pour cible d’attaques : tuer des civils ou les violer constitue des crimes de guerre. L’action du 7 octobre n’est ni excusable ni explicable : la prise d’enfants de trois ans et de personnes âgées de 75 ans en otage, ainsi que la violation des femmes, sont des infractions du droit international humanitaire. La violation du droit par l’une des parties n’autorise pas l’autre à en faire de même.

Légitimer les actes du Hamas compromet la crédibilité des partisans de la paix en occultant les actes violents contre les habitants israéliens. La vie d’un Israélien n’est pas plus précieuse que la vie d’un enfant Palestinien.

Un oubli de la cause palestinienne

Sur le plan local, si l’attaque du 7 octobre relève de la responsabilité exclusive du Hamas, la responsabilité de l’invasion de la population palestinienne, le maintien du blocus de Gaza et les implantations juives en Cisjordanie remettent en question la doctrine israélienne officielle de « territoires contre la paix » de 1967.

Politiquement, la communauté internationale semble avoir relégué la question palestinienne au second plan malgré des événements tragiques marquants tels que la Nakba palestinienne, le régime d’apartheid israélien imposé sur le peuple palestinien, l’occupation militaire israélienne depuis 56 ans, et le blocus imposé sur la bande de Gaza depuis seize ans, anéantissant la vie de 2,3 millions d’habitants.

Le silence des États arabes et de la communauté internationale retarde la résolution du problème fondamental, à savoir l’apartheid et l’occupation israélienne.

La violence mène à la violence

Tuer des innocents en réponse à la méchanceté est moralement insoutenable. Il existe toujours une alternative à la mort de masse d’enfants et de civils. Le droit international vise à éviter la répétition des erreurs et des atrocités du passé. L’absence de moralité conduit à l’exclusion de la proportionnalité et à la perte de légitimité. L’alternative à la guerre est la paix, nécessitant une véritable volonté d’imposer un cessez-le-feu.

Il est essentiel de penser à l’après-guerre. Les traumatismes causés par les événements du 7 octobre et la riposte israélienne nécessitent une réflexion sur la possibilité pour les Palestiniens et les Israéliens de partager cette terre. Comment parviendront-ils à le faire ?

Le jour d’après : comment vivre en paix malgré nos différences ?

Vivre ensemble signifie accepter les différences, faire preuve de respect et de reconnaissance envers autrui. Les Israéliens et les Palestiniens sont-ils prêts à s’accepter mutuellement ?

Les Palestiniens et les Israéliens sont condamnés à cohabiter sur le même territoire. Le 7 octobre a suscité un sentiment de méfiance chez le peuple hébreu, remettant en question la possibilité de faire confiance à un Arabe. La riposte israélienne non proportionnée a engendré une haine parmi les Arabes envers les Israéliens, se transformant en une flambée d’antisémitisme. Ces réactions immédiates et émotionnelles compliquent la recherche de la paix en ce moment plus que jamais.

Politiquement, pour éviter de nouvelles attaques et ripostes israéliennes, une action urgente s’impose en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, associée à la nécessité d’enclencher une action politique en vue de la paix. Cela implique de recourir à la justice pénale internationale pour responsabiliser le Hamas et l’armée israélienne, ainsi que d’engager des négociations concrètes pour la réalisation de la solution à deux États. Le gouvernement israélien a montré sa faiblesse dans sa riposte, exposant au monde sa cruauté, tandis que le Hamas a rappelé son visage terroriste et sa volonté de déstabilisation régionale.

Ce conflit, qui réveille périodiquement des violences, doit être considéré comme une opportunité pour créer une issue politique. La solution à ce problème réside dans la création de deux États vivant côte à côte. Sinon, ajourner la résolution ne fera qu'augmenter une spirale de violence, entraînant davantage de souffrances.