Etats-Unis. Visé par de nombreux procès, le candidat républicain doit payer près d’un demi-milliard de dollars d’ici à la fin mars. Il multiplie les pistes pour réunir les fonds.
Par Hélène Vissière (à Washington), L'Express
Donald Trump finira-t-il sur la paille ? La question se pose désormais, tant les soucis financiers de l’ancien président à nouveau candidat s’accumulent. Acculé par la justice, il lui faut trouver plus d’un demi-milliard de dollars d’ici au 25 mars. Le mois dernier, il a été condamné à payer plus de 450 millions - somme qui augmente avec les intérêts journaliers - pour avoir gonflé illégalement la valeur de ses actifs pendant des années. Quelques semaines auparavant, il a perdu un autre procès, cette fois pour diffamation, contre l’ex-journaliste E. Jean Carroll et doit débourser 92 millions de dollars de dommages et intérêts. L’an dernier, il avait déjà été jugé coupable d’agression sexuelle et de propos diffamatoires à son égard, et devait lui verser 5 millions de dollars. Ces sommes colossales risquent de porter un coup à sa fortune et à sa réputation de génie des affaires. Donald Trump se vante de posséder 10 milliards de dollars. Mais ses finances ont toujours été opaques, et en réalité son patrimoine serait plus proche des 2 milliards.
Le leader républicain a fait appel dans les deux cas et espère réduire le montant des pénalités. En attendant, comme le veut la loi, il doit fournir l’intégralité de la somme. Or il semble avoir du mal à rassembler les fonds, faute de liquidités, car ses investissements sont surtout concentrés dans l’immobilier. Il a dû faire appel à Chubb, une importante compagnie d’assurances, qui a donné une garantie de paiement pour les 92 millions de dollars du procès d’E. Jean Carroll, en échange d’un pourcentage. Et doit à présent se mettre en quête d’un garant pour les 450 millions dont il a écopé pour fraude financière. L’affaire s’annonce plus compliquée : le montant est considérable, Donald Trump doit apporter lui-même une part de la caution, et il a une réputation de mauvais payeur… Ses avocats ont demandé au juge un délai supplémentaire. Que ce dernier a refusé.
L’ex-président pourrait, certes, céder certains de ses immeubles. Le moment n’est cependant guère propice, avec la crise de l’immobilier de bureau. Il pourrait aussi se mettre en faillite. Il l’a fait à quatre reprises pour ses entreprises, mais jamais sur le plan personnel. Autre solution, un de ses amis milliardaires pourrait le renflouer en échange de faveurs une fois qu’il sera réélu. En 2018, Trump avait nommé Evan Greenberg, le patron de l’assureur Chubb, un partenaire de longue date, au comité consultatif sur le commerce à la Maison-Blanche. Elon Musk, qui a récemment rendu visite au candidat républicain, a quant à lui assuré qu’il n’entendait pas financer sa campagne. Il existe toutefois d’autres moyens de l’aider. "Elon Musk a dit qu’il ne lui donnait pas d’argent, mais cela ne veut pas dire qu’il n’a pas signé la garantie" (de paiement de Chubb), a glissé Andrew Weissmann, professeur de droit à l’université de New York, sur MSNBC. Pour Citizens for Responsibility and Ethics in Washington, un groupe non partisan, ces dommages et intérêts "sont une chance sans précédent d’acheter de l’influence auprès d’un candidat en tête à la présidentielle".
Pour lever des fonds, Donald Trump ne sait plus quoi inventer. Récemment, il a fait la promotion d’un modèle de baskets dorées à son nom. Mais, même à 399 dollars pièce, il va lui falloir en vendre beaucoup pour acquitter ses dettes. Rien que ces derniers mois, il a dû payer, après avoir perdu ses procès, près de 400 000 dollars au New York Times et près d’un million de dollars à Hillary Clinton. Et il fait face à bien d’autres actions en justice. Sans parler de ses factures d’avocat astronomiques. Jusqu’ici, le candidat républicain a utilisé pour financer ses frais judiciaires les dons récoltés pour sa campagne par ses comités d’action politique. Il pourrait y avoir recours pour payer ses dommages et intérêts. Il n’est pas impossible non plus qu’il puise dans les caisses du Parti républicain, dont il vient de prendre le contrôle en nommant à sa tête sa belle-fille. Ses partisans ont aussi créé une page sur la plateforme de collecte de fonds GoFundMe, qui a récolté un peu moins d’un million et demi.
Encore faut-il qu’il ne trouve pas, une fois de plus, un moyen d’échapper à la justice. En attendant, la journaliste E. Jean Carroll, qu’il continue d’attaquer, l’a menacé de le poursuivre une troisième fois pour diffamation. A ce rythme-là, elle va finir par être responsable de sa ruine à elle toute seule !