Les accidents de la circulation au Liban tuent plus que les terroristes. La grande différence réside dans le fait que les terroristes font trembler les vivants quand ils tuent, alors que les décès suite aux accidents de voie publique ne suscitent que de la compassion.
Depuis le 11 septembre 2001, les terroristes ont tué chaque année des centaines de personnes dans différents pays de l’Union Européenne, aux Etats-Unis, et moins que dix personnes en Chine. La plupart de leurs opérations à succès » étaient en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, au Nigéria et en Syrie.
Donc pourquoi craindre le terrorisme plus que le diabète, par exemple ?
Pour la simple raison que le terrorisme représente une stratégie militaire qui espère changer la situation politique en diffusant la peur plutôt qu’en causant des dommages matériels.
Et bien entendu, toute action militaire inspire la peur.
Il faut reconnaître aussi qu’il n’est pas toujours facile de changer la situation politique par la violence. L’exemple syrien est la plus grande preuve que ni la violence du régime, ni celle de l’opposition à partir de 2013 n’ont pu changer les données. Il faut aussi reconnaitre que l’espoir des terroristes est que peur et confusion poussent le pouvoir, la société et les médias à sur-réagir et baliser ainsi la voie à un orage politico-militaire très violent.
En plus des paramètres politiques et militaires, le Liban offre une donnée supplémentaire de déstabilisation, la réaction communautaire :
Le gouvernement américain ne peut pas combattre le terrorisme sunnite sans alliés sunnite de taille !
Il ne peut pas non plus anéantir le « terrorisme sunnite » s’il maintient en place le « terrorisme chiite ».
C’est un cycle qui se nourrit mutuellement.
J’en appelle encore une fois à la raison des Libanais !
J’appelle à leur unité nationale !
J’appelle à ne pas diaboliser une communauté… elle nous diabolisera en retour !
La célèbre tirade du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, dans la scène du fameux duel, reposait sur une idée-maîtresse : « Je me les sers moi-même, avec assez de verve, mais je ne permets pas qu’un autre me les serve. » En d’autres termes, « moi seul ait le droit de me reprocher que mon nez est long - mais toi, tu n’as pas le droit de me le dire ».
J’appelle au respect des Accords de Taëf !
Les forces de sécurité et l’armée peuvent régler certains problèmes, mais pas tous les problèmes !
Il est grand temps de se rendre compte que cette crise est de nature politique ! Après, il ne sera que trop tard !
Par Farès SOUHAID