La tension sunnite a atteint son paroxysme suite à la dernière intervention du secrétaire général du Hezbollah critiquant la position officielle du Premier Ministre libanais Saad Hariri aux Sommets musulmans et arabes tenus à la Mecque.
L’incrimination du « sunnisme politique » comme « généreux héritier du maronisme politique » par le ministre Bassile n’a fait qu’augmenter la tension déjà fébrile.
Cette tension s’est clairement manifestée par la déclaration de Nouhad Machnouk à partir de Dar il Ifta puis par une série de positions adoptées par Achraf Rifi et surtout par la déclaration écrite et minutieusement étudiée de trois anciens Premier Ministres Fouad Siniora, Najib Mikati et Tammam Salam suite à une réunion qui s’est tenue à la résidence Salam à Beyrouth et adressée au président de la république exigeant son intervention pour mettre fin aux violences verbales et politiques évoquées par son gendre.
Et pour conclure, le Grand Mufti de la république libanaise déclare le jour du Fitr à la grande Mosquée de Al-Amine de Beyrouth devant des centaines de fidèles que le poste du Premier Ministre n’était pas de nature constitutionnelle ou politique mais plutôt structurelle.
Le Mufti rappelle aux libanais que trois Premier Ministres ont été assassinés et donnés leur sang pour la souveraineté et l’indépendance du Liban ; Riad El-Solh, Rachid Karamé et Rafic Hariri sans oublier le Mufti Hassan Khaled.
Le discours du Mufti d’aujourd’hui rappelle celui qu’a prononcé son predecesseur en 1983 suite aux arrestations menées par l’armée libanaise, lesquelles avaient provoqué une large vague de contestations. Ces arrestations avaient fragilisé le mandat du président Amine Gemayel.
Le Liban ne peut plus survivre à autant de tensions et de violences. L’épisode sanglant de Tripoli en est la preuve la plus claire.
Retournons aux sources, au respect des accords de Taëf, de la constitution et de la loi.
Quel est l’intérêt de soutenir un président de la république incapable de justice entre les libanais, ou le respect de la constitution, un président qui traite les accords de Taëf avec un esprit « revanchard ».
Quel est l’intérêt pour un Premier Ministre incapable de calmer la rue sunnite dont les doléances sont affichées par leurs dignitaires religieux et politiques et même dans la rue.
Quel intérêt nous portons pour un président de la Chambre incapable de débattre au sein de l’hémicycle qu’il préside la question des armes du Hezbollah surtout après que le Hezb lui-même ait accepté une négociation avec « l’ennemi » israélien qui aurait pour but de régler le conflit frontalier ?
Le Liban a besoin d’un Comité de Salut national constitué de personnalités, qui défendent et soutiennent l’idée de son intégrité, du vivre ensemble et des accords de Taëf.
En dehors de cette route, nous serons sans aucune doute sur une fausse route.