Le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian dévoile son futur gouvernement

Le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian dévoile son futur gouvernement
الاثنين 12 أغسطس, 2024

Abbas Araghtchi, ancien chef des négociateurs sur le nucléaire, devrait devenir ministre des affaires étrangères.

Par Ghazal Golshiri, Le Monde

Le nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, élu début juillet grâce au soutien des réformateurs, a présenté, dimanche 11 août, la liste de ses ministres au Parlement majoritairement conservateur. Les députés ont désormais deux semaines pour accorder, ou non, leur confiance, à chacun des ministres proposés. Une procédure qui est loin d’être purement formelle.

Le ministère des affaires étrangères est confié au diplomate de carrière Abbas Araghtchi, ancien chef de l’équipe des négociateurs iraniens ayant obtenu, en 2015, l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran.

Pendant sa campagne, Masoud Pezeshkian a promis de sauver ce « deal », devenu caduc depuis le retrait unilatéral de l’ancien président américain, le républicain Donald Trump, en 2018. Le sauvetage de cet accord pourrait permettre la levée partielle ou totale des sanctions américaines contre Téhéran. Cela offrirait une bulle d’oxygène à l’économie iranienne, en grande difficulté.

Parmi les ministres, Masoud Pezeshkian a maintenu à son poste le ministre du renseignement, Esmaïl Khatib. Une décision surprenante pour certains analystes, alors que l’assassinat, fin juillet, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran, attribué par le régime iranien à Israël, a confirmé les failles des services secrets. De plus, le nom d’Esmaïl Khatib est étroitement lié à la répression de la vague de contestation, née en septembre 2022 après la mort en garde à vue de la jeune Mahsa (Jina) Amini pour port du voile non réglementaire.

Déceptions et critiques
Pour le ministère de l’intérieur, un ancien gardien de la révolution (l’armée idéologique du pays), Eskandar Momeni, a été proposé. Ancien chef de la police des routes entre 2009 et 2016, l’homme a mené une campagne contre les femmes non ou mal voilées, alors que cela ne relève guère des responsabilités de cet organe. D’où les critiques aujourd’hui pour ce choix du président, qui avait pourtant laissé entendre son souhait d’une application moins sévère de la loi sur le hidjab.

Les noms annoncés par le chef de l’Etat ont rapidement créé une vague de déceptions et de critiques parmi les réformateurs et certains électeurs ayant voté pour M. Pezeshkian. Javad Emam, porte-parole du Front réformateur – qui réunit la grande majorité des partis réformateurs –, s’est indigné du fait que certains membres du cabinet « n’aient aucune affinité avec les réformes, et qu’ils ne soient même pas pour une approche modérée ». Selon lui, la liste n’est que « la continuation de la mainmise des militaires et des milices sur la politique et le maintien des approches sécuritaires au sein du pouvoir iranien envers les militants politiques ».

Parmi les dix-neuf ministères, Masoud Pezeshkian propose une seule femme, Farzaneh Sadegh, comme ministre des routes et du logement. Si elle est validée par le Parlement, cette Iranienne de 47 ans sera la deuxième femme ministre de l’histoire de la République islamique.

La nomination du nouveau gouvernement iranien intervient alors que sont attendues les frappes menées par la République islamique et ses alliés contre Israël et ses intérêts, en réponse aux éliminations, le 30 juillet, du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, à Beyrouth, et d’Ismaïl Haniyeh, quelques heures plus tard, à Téhéran.