Le Vatican s'offre comme lieu de médiation entre Zelensky et Poutine

Le Vatican s'offre comme lieu de médiation entre Zelensky et Poutine
الأربعاء 21 مايو, 2025

Léon XIV opère un revirement diplomatique du Vatican en s'alignant sur les positions européennes dans le conflit qui oppose Kiev à Moscou. Alors que Washington prend du champ, le pape propose d'accueillir la reprise des négociations.

Olivier Tosseri -Correspondant à Rome. Les Echos.

Léon XIV ne cesse d'exhorter à la paix en Ukraine. Il ne se contente pas de lancinants appels à faire taire les armes, mais offre sa disponibilité à accueillir une reprise concrète du dialogue entre les deux ennemis. Une proposition qui a été accueillie favorablement par les Occidentaux et par Volodymyr Zelensky. Recevant dimanche les représentants des Eglises chrétiennes d'Orient, Léon XIV avait érigé le Vatican en possible médiateur du conflit russo-ukrainien. "Le Saint-Siège est disponible pour que les ennemis se rencontrent et se regardent dans les yeux, pour que les peuples retrouvent l'espérance et la dignité qui leur reviennent, la dignité de la paix."

Une offre qui a immédiatement suscité l'adhésion de Volodymyr Zelensky et l'enthousiasme des dirigeants européens. Elle a d'ailleurs été citée par Donald Trump à l'issue de sa conversation téléphonique avec Vladimir Poutine pour tenter d'ouvrir des négociations de paix.

"Une nette rupture"

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a réagi en déclarant "qu'il ne parlerait pas de médiateur, mais c'est certainement un lieu où les deux parties seraient à l'aise. Nous allons donc discuter de tout cela et nous sommes évidemment toujours reconnaissants envers le Vatican pour sa volonté de jouer ce rôle constructif et positif."

Un sujet qui a dû être abordé lors de l'audience accordée par Léon XIV au vice-président J.D. Vance. Le pape François était opposé à Donald Trump et très critique envers les Etats-Unis, rappelle François Mabille, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) où il dirige l'Observatoire géopolitique du religieux. Le fait que son successeur soit américain facilite évidemment les contacts avec Washington. Les funérailles du pape François avaient déjà permis un début de rapprochement entre Zelensky et Trump. Lors de sa messe d'intronisation, Léon XIV avait évoqué "l'Ukraine martyrisée dans l'attente de négociations pour une paix juste et durable, avant d'accorder une audience à son président qui l'a invité à Kiev et lui a témoigné sa reconnaissance pour ces paroles spéciales".

Elles tranchent avec les propos tenus il y a un an par François, estimant qu'il est "courageuxc de brandir le" drapeau blanc" et de négocier lorsque "les choses ne vont pas bien". Une déclaration perçue comme un appel à la reddition lancé à l'Ukraine. Léon XIV rompt avec la ligne de son prédécesseur en s'alignant clairement sur la position européenne, constate François Mabille. Celle de François était militante et il a sou-vent été corrigé ou démenti par son entourage, précise-t-il. Selon lui, le Vatican entérine une "nette rupture avec ses ambiguïtés sur le conflit ukrainien".

"Traditionnellement, le Saint-Siège propose ses services de façon discrète surtout dans le cadre de pré-négociations, explique François Mabille. Ce serait une première si des discussions entre des délégations russes et ukrainiennes avaient lieu au Vatican. Je doute que Vladimir Poutine accepte. Mais Léon XIV est un pape juriste de formation qui connaît le droit international et qui va s'appuyer sur des diplomates de carrière."