L'Occasion

L'Occasion
الأربعاء 29 يناير, 2020

La révolution du 17 Octobre, représente une occasion certaine pour une génération entière résidant au Liban, aussi bien qu’à l’étranger,  de renverser la situation de pourriture et de faiblesse dans laquelle se trouvait notre nation, afin d’édifier un Etat de droit et de citoyenneté, un Etat qui s’élève au niveau de leurs rêves, de leurs aspirations et de leurs expectatives.

Ces jeunes, la génération de nos enfants, ne nous ressemblent pas, tout comme nous ne ressemblons pas à celle de nos parents et de nos grands-parents qui ont connu eux,  la famine de 1915 qui aura causé la mort d’un tiers de la population du Mont-Liban et l’émigration d’un autre tiers.

Les jeunes Libanais, n’ont pas nos mêmes reflexes communautaires. Ils n’ont pas hérité des affres de la guerre civile, ni de ces terribles angoisses que procure l’incertitude de l’avenir. Nos enfants ne savent pas que nous avons apprécié la présence d’un téléphone à domicile doté d’une ligne qui ”marche”, ils n’ont pas manipulé un clavier de télex, ou bien utilisé une radio amateur pour communiquer avec un étudiant perdu dans le fin fond des Pyrénées ou bien des Abruzzes pour y faire des études universitaires... Ils n’ont pas savouré le plaisir d’obtenir une communication téléphonique après avoir insisté des heures durant,  à formuler inlassablement avec un  doigt, un numéro sur un cadran à chiffres tournant.

Nos jeunes n’ont pas connu la douleur de quitter la côte libanaise, avec les moyens de fortune,  chaloupe ou autre, pour rejoindre une embarcation au large du rivage,  qui nous emmenait à Larnaka et après en Europe. Cette génération n’a pas eu à vivre la douleur de la perte d’un ami cher, en pleine guerre, rien que parce qu’il se trouvait par malheur du mauvais côté de la ville, là où son appartenance confessionnelle ou communautaire n’était pas la bienvenue.

La nouvelle génération a probablement aussi  mal connu le passage d’un état de guerre à celui de l’instauration d’une paix civile d’après-guerre, avec tout ce qu’elle comporte de tiraillements et d’abus, suite aux accords de Taëf en 1991, dont l’application aura été soigneusement confiée au dictat Syrien. Grâce à la position de l’Eglise Maronite, nous avons réussi  à demander le retrait des troupes syriennes, en 2005, après le retrait des troupes israéliennes en 2000.

Il est essentiel que la nouvelle génération comprenne aussi le mouvement du 14 mars 2005. Un souvenir pour certains, un modèle pour d’autres, ce moment fédérateur unique dans l’histoire du Liban moderne enraciné dans la mémoire collective, représente l’espoir de construire le nouveau Liban. Ce jour-là est resté gravé à jamais dans ma mémoire et j’en suis persuadé aussi, qu’il a été un modèle unique pour les libanais et pour tous les peuples arabes.

Les forces du 14 Mars ont été accusées par leurs détracteurs, d’être incapables de construire un Etat de droit après 2005. Leur nom a été associé à des déboires électoraux et à des défaites politiques. On leur a même incriminé la corruption, sans autre forme de procès.

Il faut et il est important de rappeler, que les forces du 14 mars et ses partisans plus précisément, ont été la cible d’assassinats politiques ravageurs. Qu’ils ont fait les frais d’une politique de blocage (formation de gouvernement, élection présidentielle, guerre de juin 2006, mai 2007) qui aura entre autre,  empêché de voter le budget de l’Etat, pendant plus de dix ans. Ce même mouvement a été contraint de  lutter contre la surenchère confessionnelle, qui n’avait d’autre but que d’offrir une couverture chrétienne aux armes du Hezbollah.

Avec d’autres, je continue de me battre pour la souveraineté du Liban et de m’insurger contre sa mise en demeure comme protectorat Iranien sur la méditerranée. Cet état de fait aura réussi pour la première fois de l’histoire du  Liban, à mettre le pays contre la communauté internationale et en adversité contre le  monde arabe. D’ailleurs, à ce jour, cette prise de position politique a déjà de lourdes conséquences sur note économie.

Cette nouvelle génération, celle de l’intelligence artificielle, de la mondialisation et de mashrou’h leyla....devrait connaître l’histoire de son pays pour pouvoir aller de l’avant,  assurer son avenir et celui de son pays. Reconnaître les points forts de la nation et transformer ses faiblesses en avantages compétitifs sont des défis de taille. Afin de construire ce nouveau Liban, il est important de ne jamais fléchir sur trois axes fondamentaux qui ne varient jamais,  indépendamment des circonstances et époques :

Premièrement, ne jamais se désister de la souveraineté de son pays et la maintenir toujours au premier plan. La lutte contre la corruption est certainement un mal qui ronge le pays depuis des décennies), elle aura été la cause de la démission du père de l’Indépendance Béchara El-Khoury alors qu’il était en fonction. Sans souveraineté il n’y a pas d’Etat.

Deuxièmement, ne jamais oublier le rôle du Liban. Le Liban se doit d’assurer le lien entre le Monde Arabe et l’Occident. Perdre ce rôle signifie perdre le Liban. Troisièmement, au niveau interne, il est essentiel de préserver le Vivre-Ensemble Islamo-Chrétien. Sans ce Vivre-Ensemble le Liban perd aussi tout son sens.

Il n’y a, certainement pas, lieu de distinguer entre les  droits des chrétiens et ceux des musulmans. Chrétiens et Musulmans doivent avoir les mêmes droits et devoirs face à l’Etat. Il vous reviendra à vous de déterminer si vous voulez abolir le confessionnalisme ou pas, mais l’accord de Taëf propose des dispositions qu’il faut prendre en compte. N’ayez pas honte de votre appartenance confessionnelle, mais n’en faites pas un projet politique car il sera voué à l’échec. Un pays composé de chrétiens et de  musulmans ne pose pas de problème. Toutes les sociétés du monde sont devenues hétérogènes en raison de l’immigration et de la mondialisation. Nous avons la chance d’avoir cette richesse et de la vivre. Exploitons-la. Aujourd’hui à Beyrouth, à Berlin, à Madrid la même question se pose : « Comment pouvons-nous vivre en paix si nous sommes tellement différents ? ».

 

Ce sont des défis qui demandent beaucoup de réflexion, au niveau des partis politiques, mais aussi dans les universités et les écoles, dans des débats autour d’un repas, d’une réunion amicale,….

 

Je les invite à réfléchir.

Celui qui a exposé son fils à l’eau froide de la police est une brute et ne fait pas honneur au soulèvement.

Celui qui a brutalise un enfant avec de l’eau froide est une crapule
Lancez les débats.

Faites de nos universités un lieu de rencontre.

Évitez de devenir les collaborateurs d’un pouvoir qui ne nous ressemble pas.

Les armes iraniennes portées par des libanais ne font pas une nation
“On peut tout faire avec des bâillonnâtes sauf s’assoir dessus”.

Par Fares Souhaid