Malgré la guerre à Gaza, la Bourse de Tel-Aviv séduit les investisseurs étrangers

Malgré la guerre à Gaza, la Bourse de Tel-Aviv séduit les investisseurs étrangers
الأربعاء 30 إبريل, 2025

La Bourse de Tel-Aviv attire les investisseurs étrangers dont les opérations sont au plus haut depuis cinq ans en dépit de la reprise de la guerre dans la bande de Gaza et des fractures politiques internes à Israël.

Par Pascal Brunel. Les Echos.

La Bourse de Tel-Aviv attire les investisseurs étrangers dont les opérations sont au plus haut depuis cinq ans en dépit de la reprise de la guerre dans la bande de Gaza.

Malgré une lourde série de handi caps, la Bourse de Tel-Aviv parvient à séduire les investisseurs étrangers. Depuis le début de l'année, ils ont misé près de 1,5 milliard de dollars sur les actions israéliennes - le niveau le plus élevé depuis cinq ans, selon le département de la recherche de la Bourse.

Pourtant, l'environnement est loin d'être idéal. Israël a repris la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, une crise institutionnelle se profile à l'horizon avec l'épreuve de force engagée contre presque toutes les institutions par le Premier ministre Benyamin Netanyahou, sans parler du climat d'incertitude mondial avec l'escalade des tarifs douaniers déclenchée par Donald Trump.

Les investisseurs étrangers, essentiellement américains, n'en ont cure, d'autant que l'indice des 35 plus importantes capitalisations a connu en partie grâce à eux une progression de 30% depuis un an et de près de 5% depuis le début de 2025. Une performance appréciable, alors qu'aux Etats-Unis, le Nasdaq a reculé de 10% et le S&P 500 de 6 % et qu'en Europe, l'Euro Stoxx 50 progresse de 5,5%, et le CAC 40 avance de 2,5%. Parmi les grands indices, seuls le DAX alle-mand (+13%), l'Ibex espagnol (+15%) et le MIB italien (+11%) font réellement mieux.

Bénéfices record pour les banques
Cette résilience boursière d'Israël s'explique en grande partie par son image de « start-up nation», qui aspire à jouer dans la même catégorie que la Silicon Valley, avec une myriade de 182 jeunes pousses et sociétés spécialisées dans la high tech dans des secteurs porteurs tels que la cybersécurité et l'intelligence artificielle cotées à Tel-Aviv. Quelque 85 autres entreprises d'origine israélienne sont présentes sur le Nasdaq et à Wall Street.

Mais pour Hadar Romano, responsable du service des données et des informations de la Bourse de Tel-Aviv, les investisseurs étrangers ont surtout été séduits par les résultats exceptionnels des banques. Les deux plus importants établissements financiers, la Leumi et la Hapoalim, ont annoncé des bénéfices sans précédent l'an dernier pour un total de 4,6 milliards de dollars, tout en tablant sur des résultats au moins aussi brillants pour l'exercice 2025. L'indice regroupant les cinq banques du pays a grimpé de 18% depuis janvier, tandis que celui des assurances a fait encore mieux, avec une progression de 22%.

Parmi les autres valeurs qu'affectionnent particulièrement les investisseurs étrangers figurent les entreprises liées à la défense, qui ont engrangé des carnets de commandes record à la suite de la guerre en Ukraine, comme Elbit Systems, dont le cours a grimpé de 53% depuis début janvier ou des entreprises spécialisées dans des logiciels, comme Nice Systems.

Ouverture le vendredi
Paradoxalement, la Bourse de Tel-Aviv a pris des allures de havre de paix alors que les marchés mondiaux traversent une période de volatilité à la suite des mesures prises par le président Trump, ajoute Hadar Romano. Détail important: la plu-part des entreprises de la high-tech israélienne, qui assurent la moitié des exportations du pays, sont exemptées de la hausse des tarifs douaniers américains.

De plus, la Bourse de Tel-Aviv a déroulé le tapis rouge pour attirer et rassurer les investisseurs. Elle va par exemple s'aligner sur les autres places en fonctionnant le vendredi à partir de l'an prochain, alors que, jusqu'à présent pour des raisons religieuses avec la célébration du repos du Shabbat le vendredi, le marché était fermé (mais ouvert le dimanche). Cette décision pourrait aussi favoriser une possible inclusion à terme de la place boursière dans des indices internationaux comme le MSCI Europe, représen-tatif de l'évolution des marchés sur le Vieux Continent.

Depuis février, les entreprises cotées doivent publier leurs dividendes sur une base par action comme sur les marchés européens et américains. Cette mesure est censée améliorer la transparence des transactions. La Bourse de Tel-Aviv a aussi étendu la gamme de ses services de compensation en devises étrangères en vue de réduire les coûts de conversion tout en simplifiant les investissements.