Le candidat républicain à la présidentielle a été interviewé sur X par le patron de Tesla, qui le soutient pour l'élection. Elon Musk veut jouer un rôle dans la réduction des dépenses publiques si Donald Trump est élu. Sur le réchauffement climatique, ils ont eu un dialogue de sourds.
Les Echos
Deux heures de conversation amicale, comme s’ils étaient au coin du feu. C’est le spectacle qu’ont donné Elon Musk et Donald Trump aux internautes lundi soir, à l’occasion d’une interview en direct du candidat à la présidentielle par le propriétaire de X, sur cette plateforme sociale.
L’entretien a commencé en retard de trois quarts d’heure, à cause d’une attaque informatique massive, a expliqué Elon Musk. Mais il s’est ensuite déroulé sans encombre, ce qui a permis au poly-entrepreneur de la tech (Tesla, SpaceX, etc.) de mettre en valeur le leader populiste, dont il soutient la candidature, tout en faisant valoir son propre agenda économique. Et ce devant 1,3 million d’auditeurs.
Réduire les dépenses « Toute la campagne de Trump est au service de gens comme Elon Musk et lui-même – des gens riches et obsédés par eux-mêmes qui se débarrasseront de la classe moyenne et qui ne sont pas capables de gérer une diffusion en direct en 2024 », a commenté le camp de Kamala Harris. « Je serai heureux d’accueillir Kamala sur un X Spaces aussi », a tweeté Elon Musk, après avoir annoncé qu’il y aurait d’autres séances avec Donald Trump.
Sur la maîtrise des finances publiques, Elon Musk a dû revenir à la charge plusieurs fois, pour ramener au cœur du sujet un Donald Trump visiblement moins obsédé par la question. L’entrepreneur a affirmé qu’il fallait réduire les dépenses fédérales, responsables de l’inflation. « Nous avons besoin d’une commission sur l’efficacité gouvernementale », a-t-il déclaré une première fois.
Après que Donald Trump a digressé sur la nécessité de diminuer le prix de l’essence puis de doubler la production d’énergie aux Etats-Unis, Elon Musk a fini par lâcher qu’il « serait heureux de faire partie de cette commission ». Ce à quoi il lui a été répondu avec enthousiasme qu’il était « le plus fort » – le patron de Tesla est connu pour passer à la paille de fer les structures de coûts dans ses entreprises. Les deux hommes ont applaudi Javier Milei, le leader argentin qui réduit les coûts à la hache chez lui et est en train d’assurer à son pays la « prospérité du jour au lendemain », à en croire Elon Musk.
Donald Trump se dit prêt lui aussi à manier la hache. Il a promis qu’il allait « fermer le ministère de l’Education et ramener l’éducation dans les Etats ». Selon lui, l’Idaho ou l’Iowa font déjà bien mieux que l’Etat fédéral, alors que la Californie ou l’Illinois démocrates sont des repoussoirs. « Sur 50 Etats, 35 s’en sortiraient très bien, dont vingt aussi bien que la Norvège », a-t-il précisé. Cela coûterait « 50 %, 60 % moins cher ».
« Les règles sont insensées »
Elon Musk a ensuite évoqué la nécessité pour le futur président de déréguler, « car les règles sont insensées ». Il a félicité l’ex-président pour les « progrès » accomplis sous son administration, tout en laissant percer son impatience face au « besoin radical de progrès ». C’est l’irruption du Covid qui a empêché de finir le travail, a en substance répondu Donald Trump, qui s’est déclaré prêt à y revenir.
Elon Musk a cité deux secteurs où il attendait une dérégulation : les transports – il est aussi le patron de The Boring Company, qui construit des tunnels et ambitionne d’y faire passer des trains ultrarapides – et le médicament.
Sur la transition énergétique, en revanche, Elon Musk n’a pas réussi à amener à résipiscence l’ex-président. Le patron de Tesla a pris des précautions pour ne pas bousculer son interlocuteur. Il s’est présenté comme « modéré sur le pétrole et le gaz », parce qu’il faut « ficher la paix aux agriculteurs » qui en consomment. « Nous avons encore un peu de temps », « on ne va pas mourir dans cinq ans », mais quand même, il serait bien de commencer à se préparer pour une énergie « principalement durable » « dans cinquante ou cent ans ». Pour éviter une trop forte concentration de CO2 dans l’air que nous respirons.
A aucun moment Donald Trump n’a embrayé sur cette idée. « On parle du réchauffement climatique. Mais les gens ne parlent jamais du réchauffement nucléaire », a-t-il dérivé, sa théorie étant que le danger lié au climat est bien moindre que celui de subir une bombe chinoise, russe, iranienne ou nord-coréenne.
Elon Musk a aussi dénoncé la « tentative de censure » du commissaire européen Thierry Breton, ce dernier l’ayant appelé à la « modération » lors de sa discussion publique avec Donald Trump. « Je connais très bien l’Union européenne, ils profitent beaucoup de nous sur le commerce », a signalé l’ex-président, en promettant de faire disparaître le déficit américain. Elon Musk a acquiescé, et les deux hommes se sont offusqués des dépenses américaines élevées pour la défense de l’Europe et de l’Ukraine.