DÉCRYPTAGE - Parmi les 10.000 soldats de cette force de l’ONU, 600 Français arment la force de réaction rapide.
Par Nicolas Barotte. LE FIGARO
Dans le sud du Liban, les soldats de la Finul attendent. Après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, mercredi, entre l’armée israélienne et le Hezbollah, la mission des Casques bleus de la « force intérimaire » de l’ONU entre dans une nouvelle phase. Les quelque 700 soldats français qui fournissent l’essentiel du contingent de la Force Command Réserve (FCR), c’est-à-dire la force de réaction rapide à la main du commandant de la Finul, se tiennent eux aussi prêts à recevoir leurs ordres. La France veut jouer un rôle clé dans la stabilisation régionale. Mais il est encore trop tôt pour savoir comment. « Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu est en cours de discussion », observe-t-on au sein de l’état-major français.
« Prête à soutenir le Liban et Israël »
« Pas sûr que quiconque y voie encore clair », ajoute une autre source militaire. Pour l'instant, il n'est pas question de modifier le mandat. « Nous continuerons à accomplir les tâches qui nous ont été confiées et nous avons déjà commencé à adapter nos opérations à la nouvelle situation», a indiqué la Finul dans un communiqué mercredi. Dotée de 10000 soldats, celle-ci est censée depuis 2006 «appuyer » les forces armées libanaises (FAL) pour leur permettre de garantir la sécurité des populations civiles dans le sud du Liban. Mais son déploiement le long de la « Blue Line » n'avait empêché ni la milice chiite de contrôler la région, ni l'armée israélienne d'y mener ses opérations depuis deux mois. Tsahal n'avait pas non plus hésité à suivre une stratégie d'intimidation envers les soldats de l'ONU, en prenant pour cible des postes d'observation. « Si la Finul s'en va, il ne sera pas possible de la faire revenir », s'inquiétait alors un haut responsable français.
Aux annonces diplomatiques doivent maintenant succéder les décisions opérationnelles et la mise en œuvre de nouveaux moyens de coordination avec les FAL mais aussi avec l'armée américaine, appelée à fournir « un appui technique ». La Finul est « prête à soutenir le Liban et Israël dans cette nouvelle phase. Nous coopérerons avec tous les partenaires concernés pour faire en sorte que la cessation des hostilités soit effective », a ajouté la mission de l'ONU. La prolongation d'un an du général Joseph Aoun en tant que commandant en chef de l'armée devrait permettre la poursuite des discussions.
Les soldats de la Finul n'ont pas pour mission d'imposer la paix. À chaque escarmouche, ils n'ont d'autre choix que se réfugier aux abris. Dotés de capacités de radar, les soldats français de la FCR sont toutefois en mesure de surveiller les échanges de tirs de part et d'autre et de fournir ainsi une vision à 360°. Depuis mercredi, quelques tirs de semonce et tirs d'artillerie ont été enregistrés. « Pour l'instant, le cessez-le-feu semble respecté », dit une source militaire française ayant accès à la situation sur place. Jeudi, l'armée israélienne a toutefois ouvert le feu contre des véhicules jugés « suspects ». Elle a aussi frappé une « installation du Hezbollah ». Tsahal et le Hezbollah se sont réciproquement accusés de violer le cessez-le-feu. L'accord demeure fragile.
Un soutien du génie français
« On assiste à un important retour de la population », rapportent les militaires français de la Finul. Quelque 900000 personnes ont été forcées de fuir. Mais le niveau de destruction des villages est beaucoup plus important qu'en 2006. Par ailleurs, la neige pourrait tomber dans quelques semaines. La capacité des populations à rester sur place sera sans doute limitée», observe-t-on. Pour détruire les caches d'armes, les tunnels du Hezbollah et ses postes de commandement, l'armée israélienne a rasé une grande partie des villages au sud du Litani.
Pour apporter son soutien aux forces armées libanaises, la France a proposé de « renforcer ses capacités de génie » afin de pouvoir « ouvrir des itinéraires ». Il s'agirait d'une section de génie de 40 soldats, équipée de deux engins de déblaiement et quatre véhicules de l'avant blindé. « II s'agit de capacités de déminage et déblaiement de routes », explique-t-on au sein de l'état-major. Selon l'accord de cessez-le-feu, les FAL sont censées se déployer au sud du Litani après le retrait israélien avec une première force de 1500 soldats avant d'en envoyer 6000. Mais il faudra trouver l'argent pour financer leurs équipements.
L'accord prévoit aussi un « soutien technique » fourni par les armées américaine et française. Celui-ci reste à préciser, mais il s'agira sans doute de poursuivre ce qui se fait déjà: appui aux FAL, formation, cession de matériels divers.
Si les armées italienne et espagnole sont aussi présentes au sud du Liban avec d'importants contingents de 800 et 600 soldats, elles disposent de peu de moyens opérationnels. Leurs missions consistaient essentiellement à coordonner les patrouilles dans leurs zones de responsabilité respectives. Les autres contingents internationaux fournissaient les effectifs.
Pour l'armée française, le Liban représente un autre symbole. Elle y a perdu des soldats, tués par lors de l'attentat du Drakkar en 1983. Elle y a encore perdu une femme mi-novembre, la maréchal des logis Fany Claudin, du 121e régiment du train. Elle a perdu la vie lors d'un accident de la route survenu durant une mission opérationnelle d'escorte de convoi.